Coucou,
Je te laisse découvrir le premier chapitre de mon deuxième bébé livresque. Si tu veux te jeter sur ce roman, n’oublies pas que tu peux le commander en broché ou relié directement sur ma boutique par ici.
Prologue
Delphine
Huit ans plus tôt…
Où suis-je ? Que fais-je ? Et bien sûr qui suis-je ? Mais surtout, pourquoi ce chanteur s’est-il installé dans ma tête sans mon accord ? « J’ai pas l’intégrale du gendre idéal ». Pourtant, dans mon souvenir, tu corresponds parfaitement aux critères édictés par mes géniteurs. Bon, le petit chapeau posé négligemment sur le sommet de ton crâne te fait perdre une grande partie de ta crédibilité, mais tu restes présentable. « Faut pas qu’on s’attache et qu’on s’emprisonne, mais rien n’empêche que l’on s’abandonne »[1]… Sérieusement ? As-tu conscience que tes paroles ne veulent absolument rien dire ? Il ne te suffit pas d’aligner des mots l’un après l’autre sans aucun lien entre eux pour former des phrases. Non, vraiment, tu dois arrêter de dire n’importe quoi ! Et cette voix ! Mes oreilles saignent ! Bon, je suis navrée, mais pour ma santé mentale, je dois te faire taire. Je me relève, d’un bond, et crie :
- Et sinon, Christophe, ferme bien ta gueule !
Une grande main se pose sur ma cuisse et un grognement se mêle à la chanson toujours bien présente malgré mon intervention. J’ouvre enfin les yeux et je me tourne vers le propriétaire de la paluche. Le bras redressé au-dessus de sa tête et l’oreiller encore à moitié installé sur le visage, Olivier me regarde, dubitatif :
- Je n’arrive pas à décider si je dois me sentir jaloux de savoir que tu rêves de mon meilleur pote ou soulagé de t’entendre l’envoyer paître. Qu’est-ce qu’il t’a fait, ce pauvre Chris ?
Ah ! Oui, d’accord ! Donc je suis couchée dans mon lit avec mon homme. Bon, j’ai élucidé une partie du mystère. Mais pourquoi est-ce que cette mélodie insupportable continue de m’agresser ? D’ailleurs, cela ressemble davantage à un bruit qu’à une douce musique.
La petite crotte d’œil à droite toujours bien installée, je tente, néanmoins, d’observer la pièce à la recherche du diffuseur de ce son. Je me jette sur notre vieux radio-réveil pour le réduire au silence en pestant :
- Sérieusement, Olivier, pourquoi as-tu programmé le réveil si tôt ? Tu le sais pourtant, que je me suis couchée hyper tard. Le service s’est terminé à plus de 2 h du mat’ hier !
La touffe de cheveux bruns hirsute replonge sous son édredon et seuls quelques grognements me parviennent parmi lesquels je ne distingue que quelques mots :
- Grrrrr… Chalet… Dépêche… Éteins !
Voilà ! Ça y est ! Enfin, mon esprit se reconnecte avec la réalité. Je doute que mon chéri m’ait organisé un « Time’s Up! »[2] de si bon matin. Le message est loin d’être subliminal. Je dois bouger mes fesses pour rejoindre notre chalet. Mais franchement, j’en ai autant envie que de me pendre. Qui est l’abruti qui a décidé de créer un planning de réalisation des travaux ? Ah, oui ! C’est moi, l’idiote ! J’aurais mieux fait d’attaquer mes cuticules abîmées à coup de jus de citron, le jour où j’ai sorti, toute fière de moi :
- Je vais préparer un calendrier pour la répartition des tâches. Comme cela, nous ne laisserons pas de temps morts et nous pourrons emménager plus vite.
Super idée, Delphine ! Vraiment, tu t’es surpassée sur ce coup-là ! Maintenant, tu te retrouves à devoir te bouger dans le froid après seulement quatre heures de sommeil et un visage à la Bogdanoff[3] ! Génial !
À contrecœur, je projette mes jambes en dehors du confort de ma couette. Je récupère ma vieille salopette qui traîne par terre. La douche et le café devront attendre.
Une demi-heure plus tard, je tente une nouvelle fois de déchiffrer les hiéroglyphes inscrits sur le morceau de papier. Non ! Vraiment, je ne vois pas ! Cette fois, c’est décidé ! Au prochain anniversaire de Christophe, je casse ma tirelire pour lui offrir une rééducation graphologique. À sa décharge, il a dû terminer le ponçage tard cette nuit. Mais quand même, là, on dirait des mots griffonnés par un panda alcoolique. J’ai appris dernièrement, de source hyper fiable (oui, bon, j’ai regardé un reportage à la télé, quoi !) que les pandas disposaient de capacités insoupçonnées. Certains sont carrément en mesure de reconnaître différents mots. Incroyable ! OK ! Je m’égare quelque peu, mais n’empêche, c’est impressionnant.
Plantée devant l’immense mur de notre salon, je suis visiblement censée déterminer la couleur la plus adaptée. Je décide de faire appel à une amie et envoie à Stéphanie un message accompagné de la photo des trois traces de peinture dessinées par Chris, la veille : « On est bien d’accord que ce sont les trois mêmes bleus ? D’après toi, quel était le projet du débile qui a créé ces nuances identiques ? Je reconnais l’effort imaginatif du glandu qui a cherché les noms à leur attribuer. Mais même en écrivant “Canard”, “Paon” ou “Persan” derrière le mot bleu, cela reste la même couleur. Ou alors je dois d’urgence consulter un ophtalmo ! »
Sans attendre la réponse, je décide d’attaquer avec le premier pot de peinture devant moi. Oh ! Surprise ! Le mur se colore de bleu.
Le bip de mon téléphone me coupe en plein élan artistique. Je dépose mon pinceau sur le sol. Bon, admettons qu’Olivier avait raison lorsqu’il a choisi de bâcher l’intégralité du parquet sous prétexte que ma délicatesse se rapproche de celle d’un gorille affamé devant une main de bananes.
En lisant le texto de mon amie, je me sens tellement épaulée que je manque de défaillir : « Utilise un bleu différent sur chaque mur et laisse-moi dormir ! As-tu remarqué qu’il est bien trop tôt pour te lancer dans une analyse colorimétrique ? Tu es une grande malade ! ». Dans la vie, c’est important d’avoir des potes sur qui on peut compter en toute circonstance. Le soutien est vraiment la base d’une relation amicale, saine et épanouissante.
Armée de mon rouleau couleur canard (comme si quelqu’un avait un jour croisé cet oiseau aquatique teinté dans un bleu aussi agressif !), je commence à peindre en plein milieu de l’immense mur du salon.
Écouteurs vissés sur les oreilles, j’entame de petits pas de danse, charmants, tout en me remémorant comment je me suis retrouvée à disserter sur les nuances de couleurs aux aurores. Un an auparavant, Stéphanie, Olivier et moi étions tranquillement installés en terrasse, quand Christophe avait débarqué en trombe, arborant l’air triomphant que devait avoir son homonyme en découvrant l’Amérique :
- Les gars, on arrête tout ! Je viens d’avoir l’idée du siècle !
Stéphanie avait dégainé avant que j’aie le temps de réagir :
- Je ne sais même pas par où commencer tellement cette déclaration est magique ! D’une part, tu n’as sans doute pas remarqué, mais avant ton arrivée, à cette table, il y avait plus de filles que de « gars ». D’autre part, permets-moi de douter de la véracité de tes propos. La dernière fois que tu as affirmé avoir une idée de génie, c’était quand tu avais soi-disant inventé un procédé révolutionnaire pour passer une journée entière sur ton canapé sans bouger.
- Je ne reviendrai pas sur ce point, même si je maintiens que l’outil que j’avais créé pour uriner tout en restant vautré sur le divan aurait mérité de gagner le concours Lépine. Mais mon idée du jour vous concerne aussi. Et je crois que vous allez me baiser les pieds quand vous saurez de quoi il s’agit.
- Ouh là ! Calme-toi, mec. Je te rappelle que je vis avec toi et que mon nez garde encore le traumatisme de l’odeur de tes chaussettes après tes journées sur les pistes, avait rétorqué Olivier.
- Bon, OK ! Je pue des pieds et mes idées sont souvent lamentables ! Mais je vous assure que cette fois, vous allez me kiffer ! Nous sommes d’accord qu’Olivier et moi expérimentons la colocation depuis plus de deux ans.
- Jusque-là, rien de nouveau, avais-je répondu.
- Voilà ! Quant à vous, les filles, vous vivez chacune dans votre appartement et pourtant vous passez votre temps chez nous. Jusqu’ici, je ne dis pas de bêtises ?
- Ce n’est pas faux. Vas-y ! Continue. C’est la suite qui me fait peur, avait réagi Stéphanie.
- Tenez-vous bien ! J’ai trouvé un chalet à restaurer à un prix défiant toute concurrence. On l’achète maintenant. Nous le rénovons nous-mêmes et dans un an, nous pouvons vivre tous les quatre dedans. Et avant que vous hurliez, je tiens à préciser qu’il y a trois chambres : une pour les amoureux, une pour Steph et une pour moi ! En plus, il est situé dans le quartier « Plein sud », c’est idéal pour nos quatre jobs. Il est juste parfait.
Le silence de mort qui s’était installé à la suite de son annonce avait duré un temps considérable. Nous nous sentions tous les trois plus que dubitatifs, mais il fallait reconnaître qu’il n’avait pas tort sur un point : nous passions toutes nos soirées ensemble.
Voilà comment, un an plus tard, je me retrouve, à 8 h du matin, un pinceau à la main et des valises aussi grosses que celles de Paris Hilton[4] sous les yeux à me demander pourquoi j’ai accepté de suivre la énième connerie de Chris. Pourtant, je le sais, que je ne dois pas me fier aux idées d’un mec qui se badigeonne les lèvres de Labello rose fluo !
Christophe est un stéréotype sur pattes. Il y a trois ans, lors de mon arrivée sur Val Thorens, je ne côtoyais que les clients du Baraval. Mes journées étaient quasiment toutes consacrées à la préparation et au service du vin chaud. Je me suis rapidement rapprochée de Stéphanie qui travaillait au bar depuis un an. Après ses deux sauvetages face aux lourdauds de la terrasse persuadés que « serveuse » est un synonyme de « prostituée », je ne pouvais plus me passer d’elle. Désespérée d’apprendre que la petite Bretonne que je suis n’avait jamais mis les pieds sur la neige, elle m’avait réservé un cours particulier de ski.
J’ai dû faire un effort surhumain pour ne pas éclater de rire en arrivant devant Christophe. Droit comme un i, le bras posé sur ses planches, clope au bec, cheveux blonds décolorés par le soleil et bronzage bigoût, il m’avait accueillie avec un petit clin d’œil de chacal prêt à se jeter sur sa proie. Après trois leçons et une dizaine de râteaux, il avait compris qu’il n’avait aucune chance de me mettre dans son lit comme la plupart de ses clientes et nous étions devenus les meilleurs amis du monde.
À partir de ce jour, nous ne nous sommes plus quittés. Bien sûr, c’est aussi comme cela que j’ai rencontré le coloc de Chris qui est vite devenu bien plus que mon ami. Savoyard jusqu’au bout des ongles, Olivier avait repris la boutique familiale de souvenirs dans la galerie commerciale des Cimes de Caron. Beaucoup plus posé et calme que son meilleur pote, ce grand brun aux yeux gris m’a rapidement séduite. Mais, comme il est aussi secret et discret qu’un chat, je suis encore loin d’avoir percé tous ses mystères.
Malgré mes jérémiades permanentes lors de chaque phase de travaux, je dois admettre que la perspective de construire notre « chez-nous » m’enchante profondément. Stéphanie, Christophe et Olivier sont les personnes les plus importantes dans ma vie. Ces trois êtres aussi imparfaits que moi sont devenus les membres de ma famille. Mais pas celle qu’on subit. Non ! Eux, ils sont et resteront ma famille de cœur, ceux que j’ai choisis et que je ne quitterais pour rien au monde.
[1] Extrait de la chanson On s’attache de Christophe Maé, sortie en 2007. Si, je vous assure, vous l’avez tellement entendue que vous avez eu envie de fuir toute source de diffusion de musique durant plus d’un an.
[2] Jeu de société créé par Peter Sarrett en 1999, dans lequel vous devez faire découvrir à vos partenaires le plus de personnages. Si vous n’y avez encore jamais joué, arrêtez de lire et trouvez immédiatement des copains pour vous y mettre !
[3] Mais si, vous connaissez les frères Bogdanoff ! Ils ont des têtes qu’on n’oublie pas… Jamais !
[4] Héritière un tout petit peu riche disposant d’un goût canin douteux.
Et si tu souhaites te procurer ce super roman sur Amazon, c’est par ici !
Bisous Poutous
Coucou
1er chapitre lu. Je languis de lire la suite. Bonne soirée
Oh mais j’espère que la suite sera à la hauteur 🥰