Coucou,
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1
Alan
Ne jamais défier la mer d’Iroise !
C’est quand même étrange. Ce n’est pas le bruit que je m’attendais à entendre dans cette situation. Je la plaque contre le mur en tentant de faire fi du dérangement. Mes mains se faufilent sous son chemisier. Elle est méchamment bien foutue. La tension dans mon caleçon devient de plus en plus présente. J’agrippe ses seins d’un geste. La vache ! Ils sont énormes ! Je ne tiendrai pas bien longtemps. Je dois me dépêcher de la mettre à poil.
Son jean s’avère bien plus récalcitrant que je ne l’avais envisagé. Puis, il commence à me gonfler, ce bip incessant. Je secoue la tête machinalement pour tenter de faire disparaître ce son insupportable. « Bah, oui ! C’est bien connu. Il suffit de s’agiter pour que le bruit s’arrête ! Comptes-tu te reconnecter au monde extérieur à un moment, mec ? »
J’ouvre les yeux d’un coup. Merde. Le retour à la réalité est violent. Seul dans mon lit, je tourne le regard à ma droite : personne ! « À aucun moment, l’absence de visage de la nana ne t’a mis la puce à l’oreille ? » Oui ! Bon, OK ! Je rêvais. Bon, je dois me rendre à l’évidence, je suis en manque. Je peux considérer le retour des pollutions nocturnes d’adolescent comme un indicateur fiable. À certains moments, je me déprime tout seul. Si quelqu’un avait un aperçu de mes rêves, je n’aurais plus qu’à me terrer dans une grotte jusqu’à la fin de mes jours. Je suis vraiment un abruti.
Mais au fait, si je suis réveillé, pourquoi ce bruit infernal continue-t-il de m’agresser ? Un filet de lumière traverse les volets de la pièce et me permet d’effectuer un repérage de l’espace. Tout semble bien à sa place. En même temps, je ne risque pas de mettre longtemps à vérifier. En dehors de mon lit, seule une minuscule table de nuit complète la décoration de ma chambre. Mes yeux croisent le réveil : 5 h 20. Ah ! Bah, voilà pourquoi je dormais à poings fermés. Je ne dois pas décoller avant une heure.
Les vibrations d’un petit objet attirent mon attention. Re merde ! Ça y est, je me reconnecte. Mon bip de la SNSM[1] s’agite. Je saute de mon lit d’un bond et saisis mes fringues qui gisent au sol. Je m’habille plus vite qu’une prostituée une fois sa passe terminée. J’attrape mon téléphone et les clefs du quad et je descends les escaliers en trombe. Tant pis pour les clients ! J’ai déjà pris beaucoup trop de retard avec mes inepties.
J’enfile mon casque et avant de démarrer, je prends le temps d’envoyer un SMS à Maël pour lui demander de me rejoindre au poste de secours même si le connaissant il doit déjà être arrivé sur place. La mer est démontée cette nuit. Nous ne serons pas trop de deux pour gérer le problème.
J’entre dans le petit local. Déjà en tenue, Maël m’attend. Son regard désapprobateur me laisse peu de doute sur l’ampleur de mon retard.
- Qu’est-ce que tu as foutu ? Le continent a donné l’alerte il y a plus d’une demi-heure.
- Laisse tomber. Vas-y, annonce. C’est quoi cette fois ?
- Un voilier, avec un couple et un enfant à bord, a pris la mer vers 17 h depuis Le Conquet pour se rendre sur Ouessant.
- Et ils ne réagissent que maintenant ? Mais ils peuvent être perdus n’importe où douze heures plus tard.
- La SNSM a reçu un appel de détresse il y a une heure environ. Au vu des coordonnées transmises, ils se trouveraient du côté de la pointe de Pern.
- Putain ! Mais qu’est-ce qu’ils foutent par ici ? C’est à l’opposé. Tu as vu l’état de la mer ? J’espère qu’ils se sont montrés un peu prudents et qu’ils se sont abrités dans la cabine.
- Ouais, ce n’est pas gagné. A priori, c’est un sept mètres. Il va prendre cher avec cette houle.
Au volant du zodiac, j’essaie d’attaquer les vagues de biais pour maintenir notre embarcation à flot. Nous ne serons pas plus avancés si nous chavirons en allant sauver des gugusses assez idiots pour se tenter la mer d’Iroise avec un temps pareil.
Comme chaque fois que je pars en intervention, l’angoisse me tiraille le bide. Je revis la pire journée de ma vie. La colère de la mer était démesurée. Je n’avais jamais vu de telles vagues. Pourtant, le matin, lors de son départ, le calme régnait. Mon père, marin pêcheur aguerri, n’aurait pas pris le risque de sortir face à une mer démontée. Quinze ans qu’elle t’a englouti, papa ! Je sens les larmes perler au bord de mes yeux. Ça suffit, Alan ! Concentre-toi !
À l’approche de la pointe de Pern, la visibilité est quasi nulle. La pluie se mêle aux vagues. L’eau balaye la côte de toute part. Enfin, j’aperçois une silhouette agitant une minuscule lumière au pied de la falaise. Un homme en tee-shirt et chaussures bateau tente de tenir debout sur un rocher. Quelqu’un pourrait-il avoir l’obligeance d’expliquer aux touristes que le terme « chaussure bateau » n’est que commercial ? Ces grolles ne sont nullement adaptées à la navigation. Bien sûr, il ne porte pas de gilet de sauvetage. Et la palme du meilleur marin en carton est attribuée à… l’abruti du jour qui a confondu la mer d’Iroise avec le lac Léman !
Je rapproche suffisamment le zodiac pour le faire monter à bord. Il ressemble plus à un Schtroumpf qu’à un humain tant il est frigorifié. Maël l’entoure de la couverture de survie et tente d’en savoir plus. L’homme réussit à bégayer entre deux claquements de dents que sa femme et sa fille se sont réfugiées dans une grotte à cent mètres. Leur voilier s’est écrasé contre la falaise et a coulé en moins de dix minutes. Maël reprend le volant et me dépose au plus près du lieu indiqué par le roi des cons. La houle manque de me faire chuter à plusieurs reprises. J’atteins enfin la crevasse où le vent s’engouffre avec force. Recroquevillée dans le fond de la minuscule faille, j’aperçois une femme, pas plus habillée que son conjoint, qui serre de toutes ses forces une petite forme recouverte entièrement par plusieurs manteaux. Bon ! Finalement, ils ne sont pas si débiles. Ils ont au moins eu l’idée d’utiliser le peu de vêtements à leur disposition pour protéger leur progéniture ! Lorsque j’arrive à leur niveau, de grands yeux clairs emplis de peur se lèvent vers moi. Une minuscule tornade rousse se jette dans mes bras.
- Oh ! Toi a sauvé nous. T’es cro fort !
La fillette, qui ne doit pas avoir plus de 3 ans, ne me quitte plus. Même si cet excès de tendresse me désarçonne, nous ne pouvons pas rester là trop longtemps. J’attrape la petite dans mes bras et je fais signe à la mère de me suivre.
Nous accostons à Lampaul. La mère et la fille ne m’ont pas lâché du regard. Depuis une heure, je me suis transformé en dieu vivant. Je dois admettre que malgré un maquillage de panda et des cheveux attaqués par les embruns, les yeux de biche de cette femme ne me laissent pas indifférent. « Tu te calmes, Alan ! Veux-tu que je te rappelle ce que tu récoltes quand tu te tapes des continentales ? » Oui ! Bon, ce n’est pas faux. Seules les îliennes de souche parviennent à rester vivre sur notre rocher. Chaque fois que je m’approche d’un peu trop près d’une citadine, elle disparaît au bout de trois semaines maximum. Depuis quelques années, j’évite de les côtoyer sauf besoin de vidange urgente. Bref.
En entrant dans le local de la SNSM, je fais signe à Maël que je retourne me coucher. Sans surprise, il me confirme qu’il se chargera d’accompagner la petite famille dans l’un des gîtes de l’île. Ce mec est vraiment prêt à tout pour s’intégrer. Pourtant, il habite sur Ouessant depuis plus de quinze ans. Le minuscule bonhomme trapu est tombé dans les filets de notre Louise pendant leurs années lycée. Depuis, il a repris la chèvrerie familiale de la demoiselle et subit son caractère de dogue au quotidien. Il s’est mis en tête qu’elle représentait l’état d’esprit des Ouessantins et répond favorablement à l’ensemble de nos demandes, même les plus farfelues, dans l’espoir d’être adoubé en tant que véritable îlien.
Je remonte sur mon quad en direction de l’auberge. Au croisement de Kerivin, je regarde ma montre : il n’est que 7 h. Je bifurque vers Kerveguen. « Heu, tu sais que tu habites dans la direction opposée ? Tu vas encore faire une connerie, toi ! » Oh, ça va ! En étant réveillé à 5 h du matin, j’ai bien besoin d’un petit quart d’heure de détente.
Lorsque je me gare dans la cour de la ferme, j’effectue un calcul rapide du temps dont je dispose. Maël devrait prendre une bonne heure pour trouver un logement à nos boulets du jour. C’est largement suffisant. Je compte bien mettre ce temps à profit pour relâcher la pression. Je commence à en avoir ras le bol de ces rêves débiles.
Je n’ai pas le temps de frapper sur la lourde porte que Louise m’accueille en sous-vêtements, sourire aux lèvres. Elle m’attrape par la nuque et me tire contre elle tout en refermant derrière moi avec son pied. Sa bouche se jette sur la mienne. Je ne suis pas le seul à être mort de faim ! Elle ne prononce pas un mot et tout en enlevant le peu de textile la couvrant, elle me traîne en direction de sa chambre. Je ne me fais pas prier pour la suivre et retire mes fringues plus vite que Superman. Bon, OK ! Mon costume du jour se rapprochera plus de celui d’Adam que d’un superhéros !
Je la pousse sur le lit, enfile une capote et me colle contre elle. La chaleur de sa peau me réchauffe instantanément. J’empoigne ses hanches pour la faire glisser contre mon bas-ventre et la pénètre d’un coup. Putain ! Que c’est bon ! Je débute les va-et-vient, le plus doucement possible. Je n’envisage pas spécialement de me montrer tendre, mais je sens que je ne vais pas tenir longtemps. Louise attrape mes épaules et sans se détacher de mon torse, nous fait pivoter pour se placer au-dessus de moi. Je me retrouve ancré en elle encore plus profondément. Les mouvements de ses hanches s’accentuent à mesure que je glisse ma main entre nous. À chacune de mes caresses, je la vois se tendre. Je la connais suffisamment pour savoir que nous nous trouvons dans le même état d’excitation. D’une main, j’augmente la pression de mon pouce sur son bouton et me relève pour mordiller son téton déjà bien tendu. Elle accélère ses mouvements, plante ses ongles sur mon torse, et nous explosons au même moment.
Nous restons collés l’un à l’autre durant plusieurs minutes. Louise glisse sur le côté et sort une cigarette de la table de nuit. Elle tire deux bouffées avant d’ouvrir enfin la bouche :
- Je suppose que vous êtes partis en intervention pour que tu te pointes à cette heure-ci ?
- Tu devrais le savoir. Je crois que tu es mariée avec mon collègue.
- En me levant, j’ai bien vu qu’il n’était pas là. Mais je ne l’ai pas entendu partir. Il me gonfle avec ses ronflements. Je l’ai viré dans le salon hier soir.
- Toujours aussi accueillante, ma chère Louise.
- Je ne crois pas que tu puisses te plaindre de mon accueil !
- Certes ! Mais tu ne le ménages pas, ton pauvre mari.
- Heu ! Je rêve ou le mec qui se fait un plaisir de me sauter régulièrement se permet de me donner des leçons sur la manière dont je dois traiter mon mari ? Qui de nous deux se montre le plus désagréable avec lui : celle qui le fait dormir dans le canapé ou celui qui lui fournit de magnifiques cornes ?
Je ne réponds pas. Elle n’a pas tort. Après tout, qu’il se démerde avec sa femme, le Maël ! Sa clope à peine finie, Louise me demande de déguerpir. Je m’exécute avec joie. Même si elle s’avère très utile, elle m’agace très vite. Puis je ne tiens pas à tomber nez à nez avec Maël. Je ne suis pas certain qu’il conserverait son flegme légendaire en me trouvant dans le lit conjugal.
Comme chaque fois que je pars de chez elle, je me mettrais bien des claques. Je dois arrêter d’aller me la taper dès que je suis tendu comme un string. Depuis deux ans, quand j’ai tiré mon coup, je me promets de ne pas recommencer. Pourtant, j’y reviens systématiquement. Je suis pire qu’un alcoolique qui promet que ce sera son dernier verre. En même temps, elle est pratique, la Louise. Ses horaires de prof au collège du Ponant nous permettent de nous rejoindre régulièrement en toute discrétion pendant que son mari s’occupe de ses chèvres. Mais je sais que c’est une connerie. Louise, pourtant native de l’île, n’est pas heureuse ici. Je lui sers juste de distraction dans son quotidien monotone. De toute façon, nous n’avons absolument aucun point commun, si ce n’est notre passion pour le cul. Déjà au primaire, elle m’insupportait. En grandissant, elle a conservé son regard de poupée et ses longs cheveux blonds, mais elle est bien loin, la petite fille sage de l’époque. Elle traite Maël comme son larbin et le pire, c’est qu’il est tellement fou d’elle qu’il en redemande.
Bien décidé, une fois encore, à mettre fin à cette liaison, je remets mon casque, j’enfourche mon quad et je repars vers l’auberge. Je dois m’agiter si je veux aider un minimum Paul pour la préparation des petits déjeuners. Je sens qu’il va de nouveau se foutre de moi. Mon meilleur ami dispose d’un radar à sexe. Il me grille chaque fois que je viens de tirer un coup. Je me prépare une nouvelle fois au sermon auquel je ne pourrai pas échapper.
[1] Société nationale de sauvetage en mer. Tu ne connais pas ? Mais si ! Ce sont les gentils bénévoles qui viennent te sauver le derrière quand tu fais l’idiot en mer !
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Bisous Poutous