L’imposture de la licorne (1er Chapitre)

Coucou,

Je te laisse découvrir le premier chapitre de mon sixième bébé livresque. Si tu veux te jeter sur ce roman, n’oublies pas que tu peux le commander directement sur ma boutique par ici. 

Prologue

ÉLISE

Cinq ans plus tôt…

Je n’avais jamais remarqué que les lumières de la ville se composaient d’autant de nuances de couleurs. Les différentes teintes de jaune se mêlent aux orange dans une danse quasi hypnotique sur le plafond de ma chambre. Je peux presque compter le nombre de voitures qui sont passées auprès de l’appartement, ces dernières minutes. D’ailleurs, depuis combien de temps suis-je contrainte d’observer la valse lente des éclairages citadins ? Je tourne doucement la tête vers le radio-réveil : 23 h 15. Ouh là ! Je crois que cette blagounette a bien trop duré. Je tente de me remémorer les étapes précédentes pour évaluer le moment où je dois décemment la stopper.

21 h : début des commandes de margaritas (la question de la quantité reste indéterminée). 21 h 45 : gesticulations improbables avec Sophie autour d’une barre fictive de pole dance sur un tube classe nous assurant de conserver toute notre dignité. Cette nana danse réellement comme une star. Ses hanches suivent naturellement les notes de musique. Bon, OK ! Peut-être que je dois envisager la possibilité que le nombre de cocktails ingurgités ne me permette pas de juger objectivement de ses capacités. À cet instant, je suis d’ailleurs persuadée de dégager du sex-appeal malgré le reflet de mon énorme tignasse hirsute que j’aperçois s’agiter de manière totalement erratique dans le miroir face à moi. 21 h 47 : j’accompagne ma chorégraphie d’un solo vocal divin. « L’amour a tellement de visages, à toi d’ouvrir les yeux, est-ce que tu envisages… Toutes les femmes de ta vie en moi réunies, ton âme sœur, ton égérie… »[1] et pile à ce moment crucial des paroles de cette douce mélopée, mon visage percute le torse d’un Lucas hilare. 21 h 50 : je me rassieds devant mon breuvage, entourée désormais de plusieurs de nos collègues de promotion. Je tente de reprendre une allure acceptable. Ces messieurs ne me connaissent que depuis deux mois et seulement dans un contexte scolaire. Je doute qu’ils eussent visualisé la sérieuse Élise toujours au premier rang capable de se déchaîner à ce point. 22 h 30 : il est décidément très chou, ce Lucas. Malgré mon accueil plus que ridicule, il ne m’assène aucune remarque et poursuit son opération séduction entamée depuis déjà plusieurs semaines sur les bancs de l’amphithéâtre entre deux déclinaisons latines. Je n’écoute pas un traître mot de ce qu’il me raconte et ne peux m’empêcher d’imaginer sa bouche charnue se balader sur ma peau. Une petite fossette absolument charmante se forme sur sa joue droite quand il sourit timidement. Et j’aimerais remplacer ses mains lorsqu’elles tentent de remettre de l’ordre dans sa touffe de cheveux totalement désorganisée. 22 h 35 : nous n’allons pas tergiverser encore dix ans. J’attrape le beau gosse par le cou et approche suffisamment mes lèvres des siennes pour lui permettre de conclure. Je m’en voudrais de lui retirer cette impression de victoire dont tout homme a besoin pour satisfaire son instinct de chasseur. Il s’exécute sans se faire prier et commence avec une lenteur exaspérante un baiser d’une douceur infinie. Mon Dieu, que c’est pénible ! Allez, mon grand, un peu d’entrain ! 22 h 42 : tant pis pour le respect de la virilité du monsieur, je fourre ma langue dans sa bouche avec l’espoir de réveiller ses pulsions animales.

Je crois que finalement, c’est exactement à ce moment-là que je me suis fourvoyée. Le contact de sa langue râpeuse contre la mienne m’a induite en erreur. À partir de cet instant, tout s’est accéléré. J’ai encore une fois permis à ma petite culotte de prendre le dessus sur mon cerveau et j’ai traîné le Lucas jusqu’à chez moi. J’ai déconnecté mon esprit à la perspective de laisser sa langue de chat se faufiler bien plus bas.

Voilà comment je me retrouve allongée dans mon lit, avec une tête de Lucas s’agitant entre mes jambes. Enfin, non ! Ce n’est pas le bon mot. Je ne suis pas en mesure d’expliquer ce qu’il tente de faire, mais c’est loin d’être vif et percutant. Il alterne entre de doux baisers tout autour de la cible et des sortes d’aspirations étranges. Je ne profite pas d’un seul coup de langue râpeuse, qui aurait pourtant pu remporter la partie en peu de temps. Je ne sais pas ce qu’il essaie de réaliser, mais il n’a certainement jamais réussi à faire jouir une femme avec cette technique. Depuis presque quinze minutes j’attends patiemment que le bonhomme laisse tomber le mode Dyson[2] bas de gamme pour envisager de se servir enfin de l’unique outil indispensable fourni par le bon Dieu à ces messieurs exclusivement pour le plaisir des dames. Pourtant, je ne l’encourage aucunement, en prenant bien soin de rester totalement silencieuse et impassible.

Bon ! Je dois mettre fin à cet intermède certes reposant, mais loin d’atteindre l’objectif de départ. J’attrape ses épaules tout en le repoussant à mes côtés. Je me retrouve rapidement à califourchon sur lui. Maintenant, je me dois d’éduquer quelque peu ce jeune innocent. Je lui souris et commence à embrasser son torse en descendant petit à petit vers son entrejambes. Je compte bien gratifier le Lucas, qui manque visiblement cruellement de pratique, d’une démonstration de mes talents. Mais lorsque ma bouche s’apprête à toucher au but, le monsieur me stoppe en chuchotant :

  • Non, Élise. Je n’aime pas cela. Je trouve cette pratique bien trop avilissante pour les femmes.

Arrêt sur image. Je m’attendais à tout, mais pas à cette réplique. Mais attends, quel âge a-t-il, l’animal ? Depuis quand les hommes décident-ils de ce qui asservit une dame ? Il ne peut pas être rationnel. Il doit vouloir me faire rire. Je relève un regard interrogateur vers lui. Ah ! Non ! Il est complètement sérieux et semble même paniqué en fixant ma bouche bien trop proche de son entrejambes. Je suis tellement abasourdie que je le laisse me tirer doucement vers lui et se positionner tranquillement au-dessus de moi.

Pour la quinzième fois au moins depuis notre arrivée dans mon appart, il prononce cette phrase insupportable :

  • Tout va bien pour toi ?

Que dois-je répondre ? Le oui timide paraît être le plus approprié pour coller à l’image que les hommes d’aujourd’hui semblent avoir des femmes, ces petites choses fragiles que l’on doit protéger. Pourtant, je meurs d’envie de lui balancer un bilan bien plus acerbe de mon état d’esprit actuel : « Écoute, mon cher Lucas, je viens de passer un quart d’heure à observer le plafond pendant que tu embrassais ma chatte comme si elle se rapprochait de la joue de ta grand-tante Mireille. Puis, non content de ne pas être en mesure de t’occuper correctement de l’endroit le plus important de mon anatomie, tu décides de ce qu’il est acceptable ou pas de pratiquer pour une femme. Tu me relègues donc au rang de petite chose fragile que l’on doit protéger, y compris contre ses propres instincts de perverse qui la poussent à réaliser des actes contre nature. Maintenant, tu t’installes sur moi en malaxant mes seins comme on s’acharne sur une manette de jeux vidéo en pleine partie de Mario Kart. Non, Lucas, tu n’arriveras pas à éviter les peaux de banane se dressant sur ton trajet en appuyant plus fort sur mes tétons ! Je suppose que désormais tu projettes d’entamer un tendre et tolérable missionnaire qui te permettra de libérer ta semence en ayant la certitude de ne pas avoir souillé ma vertu. »

Bingo ! Après une énième vérification de mon consentement éclairé (je suis d’ailleurs fort étonnée qu’il n’ait pas prévu un document à me faire signer), Lucas commence des va-et-vient d’une lenteur insupportable, accompagnés et rythmés par les sons gutturaux émanant de sa gorge.

Bien évidemment, le coït terminé, il s’empresse de se positionner à côté de moi, il m’attire contre lui et débute un lissage de tignasse tout aussi doux que le reste de notre copulation. Affligeant !

Voilà ! Voilà ! Certes, je n’ai que 19 ans, mais je m’interroge déjà. Où sont partis les vrais messieurs ? À quel moment sont-ils tous devenus des marshmallows insupportables ? Où est passé le bon vieil homme de Cro-Magnon qui tirait sa femme par les cheveux pour la sodomiser au gré de ses envies ?

Je crois que je suis définitivement née dans la mauvaise époque.

[1] Bon, si je dois, déjà, à ce stade vous éclairer, je m’inquiète sérieusement pour votre manque de culture musicale. Pour cette fois, admettons que vous n’étiez pas prêts. Il s’agit bien sûr de la chanson Toutes les femmes de ta vie interprétée par les L5. Et pour tous ceux qui vont garder cette musique dans la tête toute la journée, ne me remerciez pas… C’est cadeau !

[2] Marque d’aspirateur haut de gamme. Bon, là, l’aspiration est bien loin de pouvoir provoquer autant d’effet.

 

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Bisous Poutous

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