Coucou,
Je te laisse découvrir le premier chapitre de mon seizième bébé livresque. Si tu veux te jeter sur ce roman, n’oublies pas que tu peux le commander en broché ou relié (accompagné de plein de surprises) directement sur ma boutique par ici.
EZRA
Fin de l’été 2024
Jamais je n’aurais pensé que les Japonaises pouvaient être aussi démonstratives. En passant près de la salle pour rejoindre les coulisses, j’ai repéré deux filles au premier rang déjà en train d’agiter leur soutien-gorge au-dessus de leur tête. Ce n’est pas le genre de scène à laquelle je m’attendais en jouant ici. Je pensais (sans doute naïvement) que le public nippon était réputé pour sa retenue et sa politesse. Je m’attendais à de simples hochements de tête en rythme ou au mieux à quelques « Ooooh » feutrés si vraiment je déchirais sur scène. Mais là, c’est un peu comme si j’étais de retour en Europe… ou pire, à l’époque de ma tournée aux États-Unis, quand certaines groupies s’évanouissaient avant même que j’aie fini mon premier couplet.
Sauf que je ne suis plus cette star-là.
Je gratte distraitement les cordes de ma guitare, assis sur mon tabouret, le regard perdu entre les spots tamisés et l’agitation des techniciens qui s’affairent autour de moi. Une fine déchirure dans le rideau de velours me permet d’observer les mouvements du public, et surtout, je capte le bruissement des conversations et des verres qui tintent sur le comptoir. Le club est vivant, chaleureux, mais moi, j’ai l’impression d’être ailleurs. Je m’approche encore davantage et je scrute la salle, machinalement. Cette observation n’est pas innocente. Je cherche un visage, un regard… Le sien. Est-ce qu’elle est venue ?
J’ai beau fixer la salle, l’obscurité avale les visages au-delà des premiers rangs. Impossible de savoir si elle est là. Je devrais arrêter d’espérer. Pourtant, chaque fois que la porte s’ouvre sur un nouveau client, mon cœur se serre un peu trop fort, malgré moi. À chaque silhouette qui passe, je retiens mon souffle.
La vache ! Je suis vraiment un gros canard[1] totalement accroché à elle !
N’importe quoi ! Je dois me ressaisir. Il est peu probable qu’elle surgisse d’un coup, les cheveux encore en bataille après une nuit dans une auberge pourrie, son regard fatigué, mais obstiné.
Je suis ridicule.
Elle ne me doit rien. Elle l’a dit elle-même : « J’ai besoin d’air ». Et moi, au lieu de respecter ça, je suis là, planté sur scène, à espérer qu’elle fasse exactement l’inverse. Mais finalement, je m’en veux de ne pas avoir tout fait pour la retenir. De l’avoir laissée partir alors que je crevais d’envie de lui hurler qu’elle faisait une connerie monumentale. Je revois son regard à la fois déterminé et dévasté quand elle se tenait debout devant son van, la mâchoire crispée. Je n’oublie pas ce dernier regard en coin qu’elle m’a lancé, comme si elle attendait quelque chose de moi. Mais je n’ai rien fait, et surtout, je n’ai pas prononcé un mot. Et maintenant, je suis là, en train de rejouer ce souvenir en boucle, alors qu’elle est peut-être déjà bien loin.
La voix de Johana et sa main posée sur mon épaule me sortent de ma rêverie :
- Deux minutes, Ezra, lance-t-elle en restant près de moi suffisamment longtemps pour s’assurer que j’ai bien compris la consigne.
Je me contente d’un vague signe de tête et me réinstalle rapidement sur mon tabouret. Je ferme les yeux un instant, respire profondément et ajuste mon micro. L’air est chargé d’une tension sourde, celle qui précède les premiers accords. Le club bruisse encore de quelques murmures, du tintement des verres, du raclement des chaises sur le parquet. Quand le rideau s’ouvre enfin, le silence s’installe et je sens tous les regards converger vers moi.
J’effleure les cordes de ma guitare, teste une note, puis une autre. La mélodie se tisse doucement, rauque et fragile. Finalement, le son qui s’échappe de mon instrument devient vite aussi vulnérable et brisé que moi, que nous, ou que ce voyage qui s’est effiloché. Je déglutis et me penche légèrement vers le micro. Ma voix est basse, grave, presque hésitante.
- Cette chanson… je l’ai écrite pour quelqu’un que j’ai perdu.
Tout à coup, l’air me semble plus lourd, comme si ces mots eux-mêmes pesaient sur ma poitrine. Je laisse la phrase retomber, le temps que l’émotion s’infiltre. Puis mes doigts retrouvent les cordes.
Je lance le premier accord. Cette mélodie ne ressemble pas à celles que j’écrivais avant. Elle n’a pas l’ambition d’être un tube, ni même d’être parfaite. Elle est juste sincère. Puis ma voix ose enfin accompagner la musique.
Les routes défilent, les silences s’allongent.
Les rires résonnent, les cœurs se cognent.
T’as jamais eu besoin de personne…
Mais moi, j’aurais voulu être celui qui…
Les souvenirs affluent et ma main serre un peu plus fort le manche de ma guitare, mais je continue de jouer. Ma voix est plus faible, presque brisée.
Les kilomètres avalés,
Les adieux que j’ai jamais su dire.
J’te regarde partir…
J’te regarde partir…
Le dernier accord s’évanouit dans l’air, ne laissant derrière lui que le vide vibrant, et les battements de mon cœur semblent figés dans l’attente. Je garde les doigts posés sur les cordes, comme si je pouvais encore retenir quelque chose. Les secondes s’étirent. Puis, doucement, les applaudissements montent, d’abord hésitants comme si le public n’osait pas briser l’émotion qui plane encore dans l’air. Enfin, l’acclamation de la foule devient plus forte, jusqu’à résonner contre les murs de briques du club. J’ose enfin lever les yeux. Les premiers rangs sont baignés de lumière, et les visages me paraissent flous, indistincts. Mon regard dérive vers le fond de la salle, là où les ombres s’accrochent encore aux derniers recoins d’obscurité.
Et c’est là que je la vois. Ou plutôt, je crois la voir.
Je fixe cette silhouette, immobile, comme figée dans le noir, à l’abri du tumulte des spectateurs. Je suis presque certain de repérer ce regard si envoûtant, un reflet dans les cheveux et une posture que je n’oublierai sans doute jamais. Mon souffle se bloque.
C’est elle ?
Je plisse les yeux, prêt à me lever et à la rejoindre, mais au moment où je bouge, elle disparaît, avalée par la foule, comme un mirage qui s’efface trop vite.
Je reste là, figé sur mon tabouret, le cœur battant à tout rompre. À l’endroit où j’ai cru la voir, il ne reste qu’un espace vide.
Et moi, je me demande si elle était vraiment là… ou si j’ai juste rêvé.
SÉLÈNE
Six mois plus tôt
Je l’admire. Il me plaît ! Mon interlocuteur m’observe d’un air amusé, pendant que je tourne autour de lui. Il ne dit rien. Il sait, sans doute. Il doit kiffer cette scène : une femme qui s’approche, fascinée malgré elle et hésitante. Je le caresse du bout des doigts, je m’attarde sur chaque détail.
Il n’est pas parfait. Il a des marques, des cicatrices, des signes d’usure qui racontent une histoire qui ne m’appartient pas encore, mais que j’aimerais entendre. Je me surprends à sourire en passant la main sur une éraflure, comme on frôle une vieille blessure sur une peau familière.
Je recule d’un pas, pour mieux le voir. Il s’affiche comme un être robuste, un peu massif, mais avec une certaine élégance. Il a une allure qui ne cherche pas à plaire, mais qui impose le respect. Il ne semble pas se forcer, et c’est précisément ce qui le rend attirant.
- Il a du vécu, lance l’homme qui me fait face.
Je hoche la tête. Je l’observe intensément. Il a dû en voir, du pays, avaler des kilomètres sans se retourner, traverser des tempêtes et des nuits froides sans jamais faiblir.
J’ouvre la porte, lentement, comme si je craignais de troubler quelque chose de sacré. L’intérieur s’apparente à son image : simple et authentique. Pas de fioritures, juste l’essentiel. Mais tout est pensé, tout se trouve à sa place. Le luxe est oublié, et pourtant, je m’y sens déjà bien. Je pourrais me laisser tomber sur cette banquette et être convaincue qu’il me retiendra.
Le vendeur s’approche.
- Voulez-vous l’essayer ?
Je glisse une main sur le volant[2], teste du bout des doigts la texture usée du cuir. Mes doigts glissent sur une partie légèrement décousue, et je me surprends à penser que moi aussi, je tiens encore malgré quelques accrocs. Le temps a beau l’avoir marqué, il affiche sa solidité.
J’inspire profondément avant de répondre, le regard toujours rivé sur lui :
- Je crois qu’il représente exactement ce que je rêvais de trouver.
Ce vendeur n’a pas besoin d’en savoir plus. Je ne m’étendrai pas avec cet inconnu sur ce mal-être qui me pousse à fuir sous la protection de ce van qui vient de me taper dans l’œil. Je me retiens de lui glisser rapidement le paiement avant de prendre la route sans délai. Je garde un minimum de lucidité, et essayer ce véhicule que j’aime déjà me semble nécessaire. Mon passager très temporaire m’épargne un bavardage inutile. Il a dû sentir que je ne souhaitais pas particulièrement entretenir une conversation de salon.
Le moteur ronronne sous mes doigts, une vibration presque apaisante qui se propage jusque dans ma cage thoracique comme une promesse de départ, d’un ailleurs où l’air paraîtrait plus léger. Je laisse mes paupières se fermer un instant, m’imaginant déjà en route, loin, très loin. Peut-être pourrai-je enfin respirer sans que chaque inspiration me brûle intérieurement ?
Je ne possède plus rien. J’ai quitté, j’ai vendu tout ce qui constituait mon existence précédente, échangé contre cette liberté aussi excitante qu’incertaine. J’ai tout bazardé sans plus de considération : mon boulot, mon appartement, mes meubles, mes vêtements, et jusqu’aux souvenirs matériels d’une époque révolue. À présent, tout tient dans ce simple sac à dos posé entre les deux sièges, témoin silencieux de mon point de non-retour.
Je ne veux pas penser aux derniers mois, aux nuits trop courtes, aux journées passées à survivre plus qu’à vivre. Je refuse de les décrire, de me les remémorer, de leur donner plus de poids qu’ils n’en possèdent déjà.
Tout ce dont je rêve, c’est de partir. Rouler jusqu’à ce que la France ne représente plus qu’un lointain décor dans mon rétroviseur. Je désire traverser l’Europe, l’Asie, avancer jusqu’au bout du monde, jusqu’au Japon. Plus les kilomètres défileront, plus je pourrai croire que je me défais enfin de ce qui m’a brisée.
Dès que je me gare devant la maison du propriétaire, je lui propose d’effectuer les formalités. Je veux pouvoir dormir au plus vite à l’abri de ces quelques mètres carrés qui me sécurisent.
Les jours restent courts, mais je décide malgré tout de parcourir immédiatement quelques centaines de kilomètres. La proximité de la tour Eiffel m’oppresse et je ressens un besoin viscéral de voir la mer.
Devant moi, le mont Saint-Michel se dresse irréel sous les derniers feux du soleil. La lumière rase effleure ses pierres millénaires, les drapant d’or et de cuivre, tandis que les ombres s’étirent sur le sable mouillé. La Manche reflète le ciel en fusion, un mélange de rose, d’orange et de bleu qui danse au rythme des vagues.
Je reste là, les mains posées sur le volant, absorbée par la beauté du spectacle. Une impression désincarnée se dégage de ces lieux, quelque chose qui défie le temps et les tourments humains. Comme si cet endroit appartenait à un nouveau monde, un univers parallèle où tout se stabilise, s’ancre et devient immuable. L’opposé de ce qui se joue en moi.
Je laisse le moteur tourner quelques secondes encore, hésitante. Une part de moi voudrait rester là, à observer jusqu’à ce que l’obscurité avale les couleurs et que le mont se transforme en une silhouette sombre sur l’horizon. Mais l’autre, celle qui n’a plus de place nulle part, me murmure que l’heure de trouver un coin où poser mon camion pour la nuit a sonné.
Je roule encore quelques kilomètres, quittant la route principale pour m’engager sur un chemin de terre qui serpente entre des dunes sauvages. Les herbes hautes ondulent sous le vent du soir, griffant les flancs du van dans un crissement léger. J’ai repéré cet endroit sur une carte avant de partir, une zone isolée, loin des campings bondés et des parkings surchargés.
Lorsque j’atteins le sommet d’une petite butte, je coupe le moteur. Devant moi, l’océan s’étire à perte de vue, teinté des derniers reflets du crépuscule. Je n’aperçois aucune lumière artificielle, je n’entends aucun bruit de civilisation. Seuls le ressac, lent et hypnotique, et le vent salé qui s’engouffre par la fenêtre entrouverte me rappellent la vie sur cette terre.
Je descends de mon véhicule et inspire profondément. L’air souffle frais, vivifiant, chargé de cette odeur iodée qui colle à la peau. Un instant, je me tiens là, les bras croisés, à écouter le murmure du monde. Je profite d’une vraie quiétude, pure, uniquement troublée par la nature.
Je sors et installe ma petite table de camping face à la mer, le temps de manger quelque chose avant que l’obscurité ne m’enveloppe complètement. Ce soir, je dormirai ici, bercée par le murmure des vagues et la sensation, enfin, d’être loin de tout.
Un bruit strident me tire brutalement du sommeil. Un crissement métallique, irrégulier, semblable à celui d’une scie mordant lentement le fer.
Mon cœur explose dans ma poitrine. Je retiens ma respiration, les yeux fixés sur le plafond, le corps glacé par une peur sourde. Ce frottement provient de l’arrière. Quelqu’un se tient là, juste de l’autre côté de la carrosserie.
Je tends l’oreille. La stridulation recommence, grinçante, insidieuse, puis s’interrompt de nouveau. Mon esprit s’emballe. Tentative de vol ? Mauvaise blague ? Ou pire… Je chasse aussitôt cette dernière pensée et me redresse sur mon matelas, le souffle court.
J’hésite. Faire semblant de dormir, espérer que ça s’arrête ? Ou affronter ce danger inconnu qui m’attend dehors ? Je serre les dents, me lève avec précaution et m’empare du grand couteau de cuisine que j’ai rangé dans un tiroir. Mes doigts se referment autour du manche avec une fermeté nouvelle.
Je déverrouille lentement la porte latérale, mes muscles tendus à l’extrême, prête à bondir. L’air nocturne s’engouffre dans l’habitacle, chargé d’humidité et d’odeur de sel. Je retiens ma respiration et contourne le véhicule à pas feutrés.
Puis je les aperçois.
Une silhouette, deux, trois… Des jeunes, qui s’éloignent en courant, leurs rires éclatant dans la nuit. Mon cœur cogne encore, mais cette fois d’un mélange de soulagement et de rage.
Je baisse les yeux vers l’arrière du van.
Du fil de pêche est enroulé autour du porte-vélos, son extrémité entortillée sur un tube de métal. En le frottant, ils ont simulé le bruit d’une scie. C’était donc juste une blague.
Génial ! J’ai flippé seulement à cause d’un canular stupide.
Je passe une main tremblante sur mon visage, le couteau toujours serré dans l’autre. Un rire nerveux m’échappe. Ils m’ont eue. Bien comme il faut.
Je retire leur outil avec des gestes brusques et remonte dans ce qui dorénavant est devenu ma maison. Je reste sur mes gardes, mon ventre douloureusement contracté par l’adrénaline. Je ne parviens pas à me rendormir.
Allongée sur le dos, les yeux grands ouverts dans le noir, je revois la scène en boucle. Et si ça avait été autre chose ? Et si j’avais dû vraiment me défendre ?
Voyager seule… Est-ce une si bonne idée ?
J’ai toujours cru que l’indépendance me suffirait, que ce projet m’appartenait entièrement, mais la réalité me frappe : à certains moments, la solitude ne représente pas une force. Certaines nuits, je préférerai sans aucun doute avoir quelqu’un à mes côtés, ne serait-ce que pour rire de ce genre d’imbécillité au lieu de trembler dans mon lit.
Je soupire et ferme les yeux.
Je dois trouver une coéquipière. Quelqu’un avec qui partager la route, les galères, et peut-être même les fous rires.
À deux, nous nous sentirons plus fortes.
Ce n’est qu’une heure plus tard, avec cette pensée enfin acceptée, que le sommeil m’emporte à nouveau.
Le jour filtre à travers les rideaux du van, une lumière pâle et timide annonce une matinée calme après ma tempête émotionnelle nocturne. Je cligne des yeux, encore engourdie, et m’étire en soupirant. Malgré la fatigue qui alourdit mes membres, je me sens plus ancrée qu’hier soir. Comme si, quelque part entre la peur et l’adrénaline, j’avais mis le doigt sur quelque chose d’essentiel.
Voyager seule n’est pas une option.
J’enfile un pull et sors du camion, pieds nus dans l’herbe humide. L’air salé me gifle doucement le visage, chassant le dernier brouillard du sommeil. Devant moi, l’océan s’étire jusqu’à l’horizon, calme et immuable. Je respire profondément. Cette quiétude matinale, ce décor… Ce paysage m’emplit de bonheur et je ne peux pas le partager avec quelqu’un.
Je m’affaire autour de mon petit réchaud, chauffe de l’eau, verse du café soluble dans ma tasse. Puis je m’assieds sur le rebord du van, les genoux repliés, et laisse mon esprit vagabonder.
À quoi ressemblerait ma coéquipière idéale ?
Une femme, c’est une certitude. Non pas parce que je me méfie profondément des hommes, mais par choix délibéré. Je n’ai pas envie de gérer un rapport de force ni de me poser perpétuellement des questions sur des intentions sous-jacentes. Avec une accompagnatrice, je me sentirais plus libre, plus en confiance.
Elle doit se montrer aventureuse, apprécier de rouler sans plan précis, sans craindre les détours ou les impondérables. Je ne veux pas de quelqu’un qui stresserait dès le moindre écart par rapport au chemin initialement prévu. Elle doit pouvoir improviser, s’adapter et voir chaque galère comme une anecdote en devenir.
J’aimerais qu’elle possède une âme curieuse, qu’elle cherche les rencontres et qu’elle sache échanger avec les inconnus que nous croiserons sur la route. Ensuite, nous devons nous entendre et faire en sorte que nos énergies s’accordent pour vivre ensemble quotidiennement dans un van exigu. C’est un pari bien plus grand que n’importe quel voyage classique. Elle et moi devrons respecter les silences, apprécier les discussions profondes autant que les fous rires absurdes, et surtout, ne pas nous marcher dessus.
Pensive, je bois une gorgée de café.
Comment tourner mon annonce ?
Je pose ma tasse, et mon téléphone en main, j’écris quelques phrases sur un site spécialisé dans ce type de publication :
« Recherche coéquipière pour un road trip hors du commun !
Salut à toi, voyageuse en quête d’aventure !
Je recherche une binôme pour un périple en van qui me mènera de l’Europe à l’Asie au départ de la France, avec comme destination le Japon.
À propos de l’expédition :
- Van aménagé, autonomie complète
- Road trip sans prise de tête, mais avec une bonne organisation
- En mode budget raisonnable : bivouac, cuisine sur le feu et découvertes locales
- Itinéraire flexible selon nos envies et les opportunités qui se présentent
Profil recherché :
- Femme uniquement (désolée, messieurs, c’est un choix personnel)
- Aventureuse, débrouillarde et ouverte d’esprit
- Prête à partager la route, les galères et les moments magiques
- Appréciant les grands espaces, les rencontres et la liberté
Moi en quelques mots :
J’ai tout plaqué pour ce projet. Mon van est ma maison, et la route mon horizon. Je cherche une compagne de voyage avec qui partager cette expérience, en toute simplicité et en toute sécurité.
Si l’idée d’un périple hors des sentiers battus te fait vibrer et que tu te sens prête à embarquer dans cette aventure, écris-moi !
À deux, on se renforce. »
Je me relis une dernière fois avant d’appuyer sur la touche « Valider ». Mon annonce me satisfait, mais j’ai conscience que pour trouver la perle rare qui saura m’accompagner dans mon périple sans me pourrir la vie, je risque d’être obligée de demeurer en Normandie un peu plus longtemps que prévu. Je me console en me répétant que ces quelques centaines de kilomètres que j’ai déjà mises entre mon ancienne existence et mes nouveaux projets me permettront de patienter avec plus de sérénité.
[1] Oui, je sais ce que vous allez me dire. Cette expression est totalement débile. Qui a décrété que les canards étaient des bestioles débiles qui s’amourachaient pour un rien et n’avaient plus aucun libre arbitre ensuite ? Aucune idée.
[2] Que tous ceux qui ont eu l’esprit mal tourné dès le début de ce roman se dénoncent immédiatement ! Bande de petits pervers.
Alors, est ce qu’il te plait ce petit Road trip ?
Et si tu souhaites te procurer ce super roman sur Amazon, c’est par ici.
Bisous Poutous

